Le dégroupage d'une ligne France Télécom / Orange
Le dégroupage permet aux opérateurs concurrents d’Orange d’utiliser ses lignes pour fournir des services internet à leurs clients.
- L'essentiel
- Mis en place progressivement dès 2002, le dégroupage a permis d'ouvrir le marché d'internet et de la téléphonie fixe à la concurrence.
- Grâce au dégroupage des lignes téléphoniques de France Télécom, de nombreux opérateurs proposent désormais des abonnements internet ADSL.
L’épine dorsale du dégroupage : la boucle locale
“La boucle locale est le nom donné à la partie d'un réseau de télécommunications situé entre la prise téléphonique de l'abonné final et le central local”, définition de l’ARCEP.
Le terminal de l’abonné peut être un modem ou, un poste téléphonique. Le central local, également appelé répartiteur, est une armoire dans laquelle sont rassemblées l’ensemble des lignes d’usagers.
Orange (anciennement France Télécom) est propriétaire du réseau de lignes téléphoniques en France. Comme il n’est économiquement pas possible pour un autre opérateur de créer un nouveau réseau, une décision européenne a déterminé que l’opérateur historique doit fournir un accès direct à la boucle locale : il s’agit du dégroupage de la boucle locale.
Pour faire cela, Orange met à disposition, dans ses centraux téléphoniques, appelés NRA (Noeuds de raccordements d’abonnés), l’accès à la boucle locale aux opérateurs tiers. L’opérateur historique met également à disposition des opérateurs alternatifs une salle de colocalisation appelée DSLAM dans laquelle ces derniers vont pouvoir installer leurs équipements. Un DSLAM permet de récupérer le trafic de données transitant par les lignes téléphoniques et le redirige vers le réseau d’un opérateur.
Qu’apporte le dégroupage d'une ligne France Télécom ?
La mise en place du dégroupage de la boucle locale a permis l’ouverture du marché à la libre concurrence, entraînant en même temps une dérégulation des prix. En effet, le secteur du transport de données et de voix se chiffre en milliards d’euros, il n’est donc pas étonnant qu’un grand nombre d’opérateurs alternatifs se soient engouffrés dans la brèche créée par le dégroupage. Cela a permis la multiplication des offres internet, entraînant ainsi une baisse des tarifs.
Histoire du dégroupage des lignes France Télécom
Les premiers pas du dégroupage se font dans les années 1999 et 2000. L’ART (Autorité de régulation des télécommunications), ancêtre de l’ARCEP, lance une consultation publique sur le dégroupage à la fin de l’année 1999 qui débouchera sur la création d’un groupe de travail en 2000 pour étudier la faisabilité et la mise en place du dégroupage.
Dans le même temps, le cadre juridique se précise suite à une décision de la Commission européenne en avril 2000 qui demande aux Etats membres de définir un cadre législatif pour la mise en place du dégroupage avant la fin de l’année 2000.
Ainsi, après plusieurs propositions d’offres de France Télécom pour permettre l’accès à la boucle locale à des opérateurs tiers, une proposition finale est validée par l’ARCEP en juillet 2001 et, à la fin de cette année, 9 opérateurs alternatifs ont signé la convention d’accès à la boucle d’accès France Télécom lançant le début de la phase commerciale du dégroupage dès 2002.
Cette année 2002 verra 4 des 9 opérateurs ayant signés la convention être actifs sur le marché du dégroupage et à la fin de cette année environ 10000 lignes France Télécom seront dégroupées dont la quasi-totalité en dégroupage total. Le dégroupage partiel entre en phase commerciale à cette époque.
Le dégroupage prend réellement son essor en 2003 et 2004. En effet on compte, à la fin de l’année 2004 plus de 1,5 millions de lignes France Télécom dégroupées permettant aux abonnés l’accès, par des opérateurs tiers, aux offres internet et triple play. De plus, fin 2004 la France est le pays leader en Europe sur le dégroupage, leadership qu’elle conserve en 2005 avec 2,82 millions de lignes dégroupées soit 2 228 000 lignes en dégroupage partiel (en hausse de 3,5% par rapport à 2004) et 592 000 lignes en dégroupage total (en hausse de 64% par rapport à 2004).
Cette croissance continue puisque 9 ans plus tard, en 2014, la France compte près de 12 millions de lignes dégroupées. Aujourd'hui, en 2020, après avoir atteint son point culminant, le dégroupage n'est plus au centre des priorités des opérateurs, qui préfèrent investir dans le très haut débit.