Réseau 6G : quand arrivera-t-il en France ?

Par Emmanuelle Soubelet

Chargé des actualités Telecom

Alors que la 5G est encore en déploiement, la 6G commence déjà à faire parler d'elle. Débits plus rapides, latence réduite et intelligence artificielle, la 6G annonce de grands changements. Pour quand la 6G est-elle prévue en France et dans le monde, et quels sont les potentiels dangers et inconvénients de la 6G ?

Quand est-ce que la 6G arrivera en France ?

S'il n'y a pas de date de sortie 6G officielle, l'arrivée de la 6G devrait se faire au début des années 2030. Les travaux sont en effet déjà lancés depuis cette année, et certaines zones pourraient d'ailleurs commencer à en profiter d'ici la fin de la décennie actuelle.

Si la 6G ne peut pas encore être commercialisée, c'est parce que le déploiement de ses infrastructures prend du temps, tout comme la mise en place de ses standards. Quelques années avant le déploiement commercial, des premiers tests en conditions réelles seront mis en place, d’abord dans des zones urbaines.

La 6G est-elle déjà présente ailleurs dans le monde à l’heure actuelle ?

La 6G n’est pas non plus disponible en tant que réseau mobile ailleurs dans le monde, mais des tests et expérimentations ont commencé dans certains pays, notamment en Chine, où la première phase de tests de technologies 6G a commencé, avec plus de 300 technologies validées.

La Chine a aussi lancé un satellite expérimental lié à la 6G en orbite basse. Des chercheurs chinois ont également conçu les premières puces destinées à la 6G. Plusieurs laboratoires, institutions et entreprises dans le monde travaillent activement sur la 6G, que ce soit pour établir les normes, tester des prototypes ou définir des cas d’usages (objets connectés massifs, très hauts débits, latence ultra-faible, IA native, etc.).

Si le réseau 6G est déjà au coeur des préoccupations (prototypes, satellites expérimentaux, laboratoires, centres de recherche & développement, etc.), il n'est pas encore accessible aux utilisateurs particuliers.

Qu’apportera la 6G par rapport à la 5G ?

Des débits plus élevés

L’évolution des technologies mobiles vers la 6G promet des débits nettement plus élevés que ceux offerts par la 5G, permettant une transformation profonde des usages numériques. Alors que la 5G peut atteindre environ 10Gbit/s dans des conditions théoriques optimales, la 6G vise des vitesses allant de 100Gbit/s à plus de 1Tbit/s dans certains cas expérimentaux.

Une telle progression ouvre la voie à des téléchargements quasiment instantanés, où un film en 4K pourrait être récupéré en une seconde à peine, rendant les attentes traditionnelles obsolètes. Ces débits extrêmes offriront également la possibilité de diffuser des vidéos holographiques en temps réel, une avancée qui pourrait révolutionner autant les communications personnelles que les usages professionnels.

Les applications en cloud computing, que ce soit pour le jeu vidéo, le traitement photo ou vidéo, ou encore les outils d’intelligence artificielle, seront encore plus réactives, voire presque sans aucune latence, donnant la sensation qu’elles s’exécutent directement sur l’appareil de l’utilisateur. Les appels vidéo bénéficieront d’une qualité nettement supérieure, sans compression visible, et pourraient même évoluer vers des interactions en 3D.

L’amélioration de la gestion du signal permettra une réception beaucoup plus stable dans les zones très denses comme les stades, les salles de concert ou les grands centres urbains, où la 5G peut parfois rencontrer des limites. Cette stabilité renforcée assurera une expérience fluide même lorsque des dizaines de milliers de personnes sont connectées en simultané.

Une latence encore plus faible

La 6G ambitionne de réduire encore davantage la latence, passant d'un délai d’environ 1 à 5 millisecondes en 5G à moins d’une milliseconde, voire à l’échelle de la micro-seconde dans certains cas. Une telle réactivité ouvre la voie à des applications critiques nécessitant une synchronisation parfaite.

Les véhicules autonomes pourront communiquer entre eux de manière quasi instantanée, améliorant coordination et sécurité. La chirurgie ou la robotique à distance gagneront en précision grâce à un contrôle sans délai perceptible. Enfin, les environnements immersifs deviendront plus fluides et réactifs, rendant l’interaction numérique presque équivalente au monde réel.

Un réseau 6G connecté grâce à l’IA

L’une des innovations majeures de la 6G réside dans l’intégration native de l’intelligence artificielle directement au cœur du réseau. Contrairement aux générations précédentes, où l’IA n’était utilisée qu’à la périphérie ou pour certaines optimisations ponctuelles, la 6G fera de l’apprentissage automatique un élément central de son fonctionnement.

Grâce à cela, le réseau 6G sera capable d'optimiser automatiquement la qualité de la connexion en temps réel, en tenant compte des besoins de chaque utilisateur et de la charge globale. L’IA sera également capable d’anticiper les congestions avant qu’elles ne surviennent, permettant de redistribuer intelligemment les ressources pour maintenir une expérience fluide. Elle jouera également un rôle essentiel dans la gestion énergétique. Les antennes 6G pourront ajuster leur consommation en fonction de l’activité locale, réduisant l’empreinte environnementale tout en améliorant l’efficacité.

Une couverture élargie grâce aux satellites

La 6G a pour ambition d’unifier différentes infrastructures de communication en fusionnant les antennes terrestres, les constellations de satellites et les réseaux aériens embarqués sur drones ou avions. Cette approche hybride permettra d’assurer une connectivité mondiale, y compris dans les zones blanches ou les zones dans lesquelles les réseaux traditionnels sont difficiles à déployer.

Grâce à cette intégration, il sera possible de rester connecté en mer, en avion ou dans des régions isolées, sans interruption de service. Les satellites joueront un rôle essentiel pour étendre la couverture réseau, tandis que les plateformes aériennes offriront une flexibilité supplémentaire pour renforcer le réseau là où la demande est élevée ou imprévisible.

Une communication “sub-THz”

La 6G exploitera des fréquences très élevées, dites sub-THz, capables de fournir des débits immenses et des transmissions extrêmement rapides. Ces bandes permettent de transporter beaucoup plus d’informations en un temps réduit, ouvrant la voie à de nouveaux usages, jusqu'ici encore impossibles.

Les ondes sub-THz rendront possible l’intégration de capteurs directement dans le réseau 6G, offrant une perception fine de l’environnement. Elles permettront également une localisation ultra-précise, avec une marge d’erreur inférieure au centimètre, utile pour la navigation ou les services géolocalisés avancés. Enfin, ces capacités amélioreront la détection d’objets, renforçant la sécurité routière et la mobilité autonome.

5G vs 6G : quelles différences ?

Paramètres	Réseau 5G	Réseau 6G
Débit maximum théorique	10Gbit/s	100Gbit/s à 1Tbit/s
Débit typique réel	100 - 1000 Mbit/s	Plusieurs dizaines de Gbit/s
Latence	1 - 5 ms	Moins de 1 ms
Bandes de fréquences	sub - 6 GHz, mmWave (24–40 GHz)	sub - THz (90–300 GHz), mmWave amélioré
Bande passante	Environ 1GHz	10 à 20GHz
Précision de localisation	1 à 3 mètres	Moins de 1 cm
Infrastructures	Terrestres majoritairement	Terrestres / satellites / drones
Intelligence Artificielle	Optimisation locale	Intégrée
Sécurité	Standard	Cybersécurité avancée / Anti-intrusion IA

Voir la couverture 4G et 5G en France

Couverture mobile SFR et Orange France et Free et Bouygues Telecom

Type de couverture
Réseau 4G
Taux de couverture surface	96,74%	95,86%	91,78%	95,89%
Taux de couverture population	99,91%	99,92%	99,57%	99,91%
Population couverte	65 444 254	65 448 622	65 220 966	65 439 889
Réseau 5G
Taux de couverture surface	42,90%	27,47%	60,90%	39,49%
Taux de couverture population	85,00%	79,00%	94,29%	84,74%
Population couverte	55 677 886	51 747 843	61 764 184	55 506 621

Source : Données ARCEP – T3 2025

Quels sont les inconvénients et potentiels dangers de la 6G ?

La 6G prévoit d'être un réseau encore plus connecté, plus rapide, et plus puissant, ce qui peut augmenter certains risques.

Les attaques en ligne

Avec des débits si rapides et si puissants, le cyber-piratage peut devenir dangereux. Il sera en effet plus facilement possible d'exécuter des attaques destructrices, d'infiltrer des systèmes critiques ou encore d'extraire d’énormes volumes de données en un instant.

L'utilisation plus poussée de l'IA représente également un nouveau vecteur d’attaque puisque la 6G, qui utilise l’IA pour gérer le réseau, peut être détournée. Enfin, il existe des risques pour les infrastructures critiques telles que les hôpitaux, les réseaux électriques ou les drones, qui pourraient être pris pour cible en cas de faille de la 6G.

La sécurité de la vie privée

La 6G utilisera des technologies de localisation ultra-précises, ce qui permet un traçage extrêmement précis. Toutefois, cette localisation centimétrique permet de suivre un utilisateur jusque dans une pièce, ou même distinguer la posture d’un corps via des ondes sub-THz capables de détecter des mouvements.

Avec l'IA de réseau, vient la surveillance accrue, en continu. Pour optimiser le réseau, la 6G appuiera fortement sur l’analyse en temps réel des données. Le potentiel danger de la 6G vient uniquement si le réseau est mal encadré. En effet, si les gouvernements ou entreprises exploitent ces capacités, on pourrait assister à une surveillance massive, une publicité hyper-ciblée en temps réel ou encore une identification automatique permanente.

Les problèmes liés aux très hautes fréquences

Les fréquences très élevées (sub-THz) sont facilement bloquées, que ce soit par un mur épais, la pluie ou la végétation. La portée est également faible, ce qui implique beaucoup plus d’antennes 6G pour les zones urbaines. Cela signifie qu'il existe des limitations physiques et un risque de coupures.

Le nombre d'antennes nécessaire pour faire fonctionner la 6G soulève également un coût environnemental et d'infrastructures élevé, des problèmes de maintenance et un impact visuel dans les villes.

Les antennes sub-THz demandent une consommation énergétique globale élevée, il est donc nécessaire de penser à des technologies permettant de rester compatibles avec les objectifs écologiques actuels. La 6G prévoit également une intégration forte avec les satellites en orbite basse, ce qui peut provoquer une pollution orbitale, des débris spatiaux et des collisions.

Des coûts élevés

Les cartes SIM 6G fonctionneront avec des fréquences plus hautes et de nouveaux composants, ce qui engendre une chaleur de fonctionnement plus élevée et un prix de départ plus conséquent pour les futurs smartphones.

De plus, si les infrastructures 6G sont trop chères, seules certaines zones et certains pays pourront la déployer. À terme, cela pourrait engendrer des inégalités d’accès, les zones rurales ou plus pauvres pourraient en effet rester sur le réseau 4G ou 5G pendant longtemps avant de pouvoir profiter de la 6G comme le reste du pays.

Une dépendance à la connectivité

La généralisation de la 6G risque d'engendrer une dépendance accrue à la connectivité, car de nombreux systèmes critiques s’appuieront directement sur le réseau pour fonctionner. Les voitures autonomes, les robots industriels ou domestiques, ainsi que certaines fonctions médicales connectées pourraient être gravement perturbés en cas de panne ou de coupure du réseau, ce qui augmenterait les risques d’incidents.

Cette interconnexion massive rendra également les infrastructures plus vulnérables lors de conflits ou d’attaques cybernétiques à grande échelle, la 6G devenant une cible stratégique. Une défaillance intentionnelle ou accidentelle pourrait ainsi provoquer des perturbations majeures dans les services essentiels.

Y a-t-il des effets sur la santé ?

À ce jour, aucune étude scientifique n’a démontré que les ondes radio utilisées par les réseaux mobiles, du réseau 2G à la future 6G, présentent un danger pour la santé humaine dès lors que les limites réglementaires d’exposition sont respectées.

Les organismes de référence tels que l’OMS, l’ANSES ou encore l’ICNIRP s’accordent pour dire que ces ondes sont non ionisantes, c’est-à-dire qu'elles ne possèdent pas l’énergie nécessaire pour casser l’ADN et ne peuvent donc pas provoquer de cancer par les mécanismes connus des radiations ionisantes.

Les connaissances actuelles indiquent ainsi que les ondes utilisées en téléphonie mobile ne présentent pas de risque avéré dans les conditions d’usage normales, et les agences sanitaires continuent de surveiller régulièrement les données disponibles par principe de précaution.

L’arrivée de la 6G ne devrait pas modifier ce constat, puisqu’elle repose sur les mêmes types d’ondes non ionisantes. Toutefois, pour ceux qui souhaitent réduire leur exposition, quelques gestes simples existent :

• Utiliser un kit mains libres.
• Éviter de téléphoner dans une zone avec un réseau très faible, où la puissance d’émission est augmentée.
• Ne pas dormir avec son téléphone très près de sa tête.