L'APINC : Association pour l'Internet non commercial


Pour les moins connaisseurs d’entre nous, le nom d’Altern.org n’est peut-être pas parlant. Néanmoins, il est une référence pour les promoteurs originaux de l’Internet libre et gratuit. Ayant vu le jour en 1992 grâce à son créateur Valentin Lacambre, il s’agissait d’un hébergeur web gratuit jusqu’en 2000, année de sa fermeture due à des déboires judiciaires. Parmi les nombreux procès intentés contre ce service d’hébergement, la plainte liée à la fuite de photos dénudées d’une mannequin française sur un des sites hébergés par Altern.org. L’Etat a alors estimé qu’il était du devoir de l’hébergeur de contrôler le contenu des sites se trouvant sur son serveur. Ceci allait à l’encontre de l’idéologie de ce service, selon lequel l’Internet se devait d’être gratuit, libre, ouvert à tous, et permettant donc une totale liberté d’expression sur la Toile. Un changement de loi sur la responsabilité des hébergeurs aura eu raison de l’hébergeur.

La reprise de flambeau : IpFrance.net

Arnaud de Bermingham, dans l’objectif de perpétuer l’idéologie d’altern.org et ayant assisté à sa fermeture en juillet 2000, a décidé d’incarner l’Internet libre et gratuit dans un nouveau service : le réseau IpFrance. Grâce à de faibles moyens (un unique serveur HP de près de 20 kg installé dans une chambre parisienne et hébergé sur une connexion ADSL), IpFrance va attirer de nombreux membres bénévoles qui vont contribuer au développement de ce qui fera la particularité de ce service : l’autogestion. Celle-ci permettra aux administrateurs de valider les demandes d’inscription et de refuser les sites commerciaux. 

Avec l’augmentation considérable du nombre de demandes affluant sur le service, il fut décidé que les membres eux-mêmes décideraient de la validation ou non des demandes d’inscription. Par la suite, les fonctionnalités d’IpFrance vont considérablement se développer courant 2001 et le service va connaître un grand succès et compter en son sein de nombreux membres, jusqu’à ce qu’une plainte soit déposée à l’encontre du service. Celle-ci concerne le nom de domaine “IpFrance”, trop proche du nom d’une autre marque. Arnaud de Bermingham préfère abandonner le nom de domaine plutôt que de risquer une perte financière importante liée à un procès.

L’APINC : Association pour l’Internet Non Commercial

L’APINC est l’héritière finale de feu l’Altern et IpFrance. Dernier né d’une succession de services visant à promouvoir l’Internet libre et gratuit, cette association à but non lucratif a pour objectif de développer et défendre “l’Internet universitaire et/ou non commercial et de proposer des services associatifs auto-gérés tels qu’hébergement et prestations liées à Internet”. Elle s’inscrit ainsi dans la continuité de ses prédécesseurs.

Parmi les services fournis par l’APINC, on peut citer l’hébergement de sites ou projets non commerciaux bien sûr, mais également associatifs ou en rapport avec les logiciels libres. Citons également, entre autres, un hébergement mail et DNS ainsi que des comptes FTP illimités. Tout ceci a été rendu possible grâce à la participation de bénévoles, particuliers et professionnels, dans un esprit communautaire assez poussé. En effet, l’association a reçu de nombreux dons d’internautes, mais également d’entreprises telles que HP. Ses serveurs ont de même été hébergés à titre gracieux dans différents locaux. Un tel engouement a été rendu possible grâce à une série de valeurs promulguées par l’APINC et partagées parmi tous ses bienfaiteurs. 

Comptons parmi ces valeurs l’autogestion : tous les membres participent activement à la vie de l’association et jouent un véritable rôle d’administrateur, ayant ainsi une influence sur le développement du service selon leur vision de ce dernier. A cela s’ajoute la volonté de toujours fournir les meilleures fonctionnalités et dernières technologies aux internautes, alliant sécurité d’utilisation et performance optimale sur les services proposés. Enfin, l’esprit communautaire repose sur un effort de convivialité pour impliquer les membres dans la gestion de l’association, associé à une absolue transparence sur tout ce qui touche au fonctionnement des services. Bien entendu, l’adhésion massive n’aurait pas été possible sans une accessibilité poussée par la participation à la vie de l’association (cotisation de 14€). 

Cependant, après 15 ans d’existence, l’APINC a mis la clé sous la porte en 2016.

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